Sauvegarde Dem 5

Le trajet est interminable. Je ne compte même plus les heures que j’ai passé dans les transports. On commence par un taxi, ensuite l’avion et maintenant le train. J’étais debout depuis 5h du matin et ma journée était encore loin d’être finie. Une fois sur place il fallait que je trouve un endroit où poser mes bagages le temps de trouver un logement fixe. Je n’avais pas eu la bonne idée de préparer mon arrivée en cherchant un toit avant de débarquer comme une fleur sur mon nouveau lieu de vie. Mes parents m’avaient pourtant bien répété de chercher au moins un studio en location pour août, histoire que si je ne trouve pas tout de suite, j’ai un lieu où dormir. Mais comme d’habitude je n’écoutais jamais ce qu’on me disait. Ils étaient bien plus stressés que moi de ce départ et ça me gonflait au plus au point. Je n’étais plus un gamin, je pouvais me débrouiller.

Le paysage défile à ma gauche et j’y porte une attention dénouée de tout intérêt. Ce regard qu’on porte sur quelque chose mais sans le voir. Nous sommes plutôt plongé dans nos pensées. Ce qui est le cas pour moi, je me posais certes quelques questions sur mon nouveau lieu de travail mais sans plus. C’était une école commes les autres, une ville comme les autres...enfin non, là pas de paire de seins au coin de la rue. C’était assez particulier en sois mais je n’y avais pas plus fait attention que ça. Certes ça peut être source d’interrogation mais mon intérêt se portant sur mes semblables masculins, je n’en avais pas grand chose à faire qu’on était les seuls présents dans cette ville. Je me doute qu’au niveau politique ou je ne sais quoi d’autre, ça doit poser problème au niveau….ethique ? Allez savoir. La seule différence que je pourrais noter pour moi c’est que ça sera la première fois que j’aurais une classe exclusivement masculine, mais ça ne me dérange guère.

Je reviens ensuite sur le sujet principal de ma réflexion, mon logement. Dans l’immédiat je ne veux pas me prendre la tête et j’opte pour l’option “ hôtel “ jusqu’à ce que je trouve quelque chose pour me poser définitivement. Pas question de passer de logement en logement, j’ai horreur de bouger sans arrêt sans but. C’est une perte de temps et j’avais autre chose à faire.
Une fois décidé j’attrape mon téléphone et j’active ma 4G pour aller voir ce que propose la ville comme hôtel convenables. Pendant mes recherches, ma main libre vient masser ma cuisse. Toute la journée assis sans trop bouger, ma jambe commençait à saturer et je sentais quelques douleurs, tiraillements faire surface. Ce qui allait vite m’agaçait, car mes médocs étaient dans l’une de mes valises. J’ai un mauvais frisson à l’idée de ne pas pouvoir accéder à ce qui pourrait me soulager tout de suite. Pour éviter de trop y penser je me concentre sur mes recherches. Je finis par trouver quelque chose de potable mais je sens que je commence à doucement m’agacer. Je pars alors à la recherche de mes écouteurs et les branches à mon téléphone d’une main fébrile. Un petit coup d’oeil au dessus de ma tête pour vérifier que la sacoche de ma guitare était toujours là, et je lance ma playlist pour ce genre de situation.

20h passé et je pose enfin les pieds dans Saint Adams. Après avoir attrapé un taxi, au bout du 3ème essais, ce qui fait monter ma jauge d’agacement d’un crans, je donne l’adresse de l’hôtel choisir et j’attends. Pas la peine de regarder la ville par la vitre de la portière, d’abord je m’en contre fous car tout ce que je veux c’est une douche et un lit, et ensuite parce qu’il fait sombre et qu’on ne voit rien.
Une fois arrivés je paie le conducteur puis me rends à la réception avec mon bordel. Je demande une chambre simple pour plusieurs nuits, je ne fais pas vraiment attention au prix. Lorsque tout est réglé j’attrape la clefs et je file rapidement, sans faire attention au sourire charmant du réceptionniste. Peut être un autre jour mais là c’était loin d’être dans mes priorités. Je laisse mes bagages à la personne qui en est responsable, gardant seulement avec moi mon instrument. Elle ne me quittait jamais.
Je boîte jusqu’à ma chambre, pousse la porte, déposer mes affaires dans un coin et me laisse tomber sur le lit. Je ne me sens pas du tout partir, c’est le cognement à ma porte qui me réveille. Je grogne entre mes dents et me lève pour aller récupérer mes bagages. Le gamin me regarde avec un sourire timide, que je ne comprends pas tout de suite, du coup je lui lâche un “ quoi ?! “ plutôt sec puis je tilte et soupire. Lorsqu’il a son pourboire il file aussi vite que le vent. De mon côté je retourne dans mon lit.

2 jours plus tard

J’ai passé la veille enfermé dans ma chambre. J’ai simplement, dormi. Ni plus, ni moins. Ma jambe me faisait mal alors j’ai gobé des cachetons qui m’ont assommés. Aujourd’hui je me rends à la mairie pour me renseigner sur les démarches en tant que nouvel arrivant. Je déteste tout ce qui est administratif, pour moi les fins de semestres avec les corrections de copies c’était un enfer. Mais je n’ai pas vraiment le choix. C’est donc à pied que je me rends à l’enseigne municipal, car oui je n’ai pas pris de voiture avec moi, et il y avait ça aussi à rajouter à la liste des choses à faire. Hors de question de me déplacer éternellement à pied.

Une fois sur place on me demande de patienter. Je pose donc mes fesses sur un siège de couleur bordeau, ceux qu’on voit dans les bureaux, juste à côté d’une machine à café et d’un tableau en liège où on punaise des flayers et autres petites annonces.
J’y porte attention histoire de passer le temps. Un nom m’interpelle et je me lève pour mieux voir. L’image sensuelle d’un danseur de pole danse attire tout de suite le regard. Un club du nom de Beluga, qu’est ce que ça pouvait bien foutre dans une salle d’attente de mairie ? Cependant je le garde avec moi, j’irai surement y faire un tour.
Alors que j’allais me rasseoir, le mos “ colocation “ m’arrête dans mon geste. Visiblement un arrivant de quelques semaines proposait une colocation. La seule demande était d’aimer les chats. Ne connaissant pas du tout le coin je ne pouvais dire si le quartier était sympa. La seule chose que je vérifie, c’est la distance entre le logement et l’académie. L’application sur mon téléphone me donne une distance plutôt raisonnable. De plus le prix l’était aussi. Sans y réfléchir davantage j’attrape l’annonce, compose le numéro et fourre le papier dans ma poche.

Le lendemain - 9h du matin

Me voilà en bas de l’immeuble. J’avais trouvé l’endroit assez facilement, ça ne semblait pas trop bruyant. Pour le moment j’étais satisfait de mon initiative. Après avoir appelé au numéro indiqué j’avais eu...Roderick, au téléphone. Plutôt sympa et après les présentations et quelques questions, on avait convenu d’une visite pour confirmer tout ceci. Je cherche le nom qu’il ma donné sur le panneau des sonnettes et presse le bouton correspondant. Lorsque la porte s’ouvre je m’engouffre à l’intérieur, grimpant à l’étage indiqué.

Planchant depuis un petit moment sur un dossier, il avait été pris un peu au dépourvue lorsque son téléphone personnel s’était mis à sonner. Très peu de monde avait son numéro en dehors de ses collègues et vue qu’il était au poste, peu de chance que ce soit l’un d’eux qui cherche à le joindre.
Il fronça un peu plus les sourcils en voyant inscrit « numéro inconnu ».
Quelle ne fus pas sa surprise en décrochant de découvrir qu’il s’agissait d’un homme du nom de Cleeve Holden concernant son annonce pour une colocation.

Il ne s’était clairement pas attendu à avoir une demande si rapidement. Mais après tout, ça ne le dérangeait pas sinon il n’aurait pas posé cette annonce à la Mairie.
Il s’était présenté à son tour et ils avaient échangés quelques minutes ou ‘Rick répondit aux questions de l’homme à l’autre bout du téléphone. Finalement, au bout du compte ils s’étaient mis d’accord pour une visite le lendemain. Cela lui permettrait à lui de voir si la colocation allait être possible ou non.
Généralement il se faisait une assez bonne idée des gens au premier coup d’œil. Le tout serait de savoir si le dénommé Cleeve verrait les choses comme lui ou non.
Cependant, après avoir travaillé assez tard ce soir-là, il se réveilla en sursaut le lendemain lorsque son chat lui sauta dessus pour lui réclamer à manger.
Un coup d’œil à l’horloge lui appris que son invité allait arriver d’ici peu, juste le temps de faire couler du café, de donner à manger à Shan et de prendre une douche rapide.

Naviguant un peu au radar, Roderick à l’impression d’avancer au ralentit ce matin-là. Il venait tout juste de sortir de la douche lorsque la sonnette retentit.
Après avoir décroché et indiqué l’étage à l’homme, il lui déverrouille l’accès et file s’habiller en quatrième vitesse. C’est les cheveux encore humides et un tee-shirt noir lui collant à la peau qu’il se retrouva à attendre l’arrivée de l’inconnu.
Il fronça les sourcils et jeta un coup d’œil à son chat qui l’observait, assis tranquillement sur le canapé.

-J’aurais dû prendre cinq minutes pour mieux me sécher, tu penses que je vais faire bonne impression ? Demanda-t-il à son chat.

Il était un peu nerveux. Après tout, il n’avait jamais vécu avec qui que ce soit. Enfin pas dans le sens où il l’entendait. Chez les yakuzas et même certains groupes mafieux, il n’était pas rare de vivre dans l’entourage les uns des autres, l’intimité était donc toute relative, mais c’était différent de partager sa demeure avec quelqu’un qu’il n’était pas obligé de surveillé et de voir comme un ennemi.
Proche de la porte, il guette le bruit de l’ascenseur et ouvre la porte pour accueillir son invité.

C’était un homme apparemment plus grand que lui aux cheveux d’un rouge surprenant qui semblait capté chaque trait de lumières. Un regard aux yeux gris contraste avec cette couleur flamboyante. Ce n’était pas l’idée qu’il s’en était fait lorsqu’il l’avait entendu au téléphone, comme quoi il pouvait encore être pris au dépourvue.
Cependant, alors que l’homme se dirige dans sa direction, il note un léger boitillement. Rien de bien flagrant, un peu comme lorsqu’on se tort une cheville. Son regard ne s’attarde donc pas sur ses jambes et retourne se fixer sur ses cheveux.

Inattendu, mais il n’a rien contre les gens qui se teignent les cheveux ou se tatou la peau. Après tout on ne pouvait pas se fier à l’apparence au premiers abords pour se faire un avis sur quelqu’un. Il en avait encore eu une démonstration il y avait peu avec Zack qui lui avait fait la remarque qu’il avait l’air d’un type chelou.
Il espérait ne pas faire peur à son visiteur si c’était vraiment le cas. Il prit un air sympathique et accueillit l’arrivant aussi aimablement que possible.

-Bonjour, je suis Roderick Maxwell. Vous n’avez pas eu trop de difficulté à trouver ?

Il tendit la main vers lui en s’effaçant légèrement pour lui permettre d’entrer dans l’appartement où l’odeur du café flottait dans l’air.
Roderick avait vaguement conscience des gouttelettes qui tombaient de ses cheveux mais essayait de ne pas trop y penser. Il tira discrètement sur son tee-shirt pour le décoller de sa peau, légèrement embarrassé.
Si jamais il devait y avoir une prochaine fois, il faudrait vraiment qu’il pense à mettre un réveil.

-Entrez je vous en prie.

Il ne laissait que le calme transparaitre dans son attitude, mais au fond, il avait l’impression d’être de retour au pensionnat pour son premier jour.

Voilà que j’arrive sur le palier et je n’ai pas le temps de réfléchir vers quelle porte me diriger que l’une d’elles s’ouvre sur un homme blond assez grand. Je n’ai pas vraiment de doute sur le fait que ce soit la bonne personne. Ca m’étonnerait que tous les locataires de l’étage attendent une visite pour leur appartement. Le regard clair et plutôt calme, un visage fin et une stature qui semble assez droit et sûr. Il était plutôt bel homme même, mais je n’étais pas venu là pour ça et puis je pense que c’est à éviter si on doit cohabiter. Rien d’alarmant pour le moment. Et puis même s’il avait eu les cheveux rose ou des piercing plein le nez, ça ne m’aurait pas spécialement dérangé, tant qu’il tenait assez bien son appartement, ça me suffisait. Je n’étais pas quelqu’un de très difficile.
En m’approchant je remarque cependant que ses cheveux sont assombris par une récente humidité et qu’il semble gêné par le haut qu’il porte. J’étais donc arrivé alors que Mr était encore sous la douche.

- Cleeve Holden, non ca été assez simple. Merci de me recevoir.

Je lui rend sa poignée de main, elle est ferme et sûre d’elle. Ce qui me rassurait un peu sur le personnage. Cependant lorsque je rentre, il semble tendu et zieuter un peu partout, voire ne tenant pas en place. Ca devait être sa première fois qu’il recevait pour une visite.

Dès mon entrée je tombe sur la salle à manger et le salon un peu plus sur la gauche. La pièce est spacieuse et on ne risque pas trop de se marcher dessus, ce qui était assez positif. Le canapé avait l’air bien confortable et pareils assez grand pour pouvoir s’étaler sans qu’on ai à gêner l’autre. Je lève le nez et remarque qu’il y a aussi la cuisine, ouverte sur la salle à manger. Je m’approche et suit le plan de travail, tout est propre et bien rangé.

- L’immeuble est plutôt bien placé de ce que j’ai pu voir, avec la plage pas loin. Vous résidez ici depuis longtemps ?

Pour le moment le conserve le vouvoiement malgré notre proximité d’âge, une habitude que j’avais prise. Je gardais une certaine distance avec les personnes que je ne connaissais pas. Si tout se passe bien après plusieurs semaines ou mois, peut être que je montrerai un peu plus de ma vraie personnalité à ce jeune blond. Mais il fallait qu’il s’attende à quelques plaisanteries.
Alors que je pivote vers lui, je vois passer une boule de poils qui va se cacher dans son arbre à chat. Voilà donc le chat en question, je n’avais rien contre les animaux, au contraire. Les chats étaient d’ailleurs ma petite préférence.

- En tout cas votre appartement est spacieux et assez sympa. Je pense que je ne vais pas prendre longtemps à réfléchir. Me concernant je suis quelqu’un d’assez discret. Je suis musicien mais vous ne m’entendrez pas jouer ici, j’enseigne à la rentrée à l’académie donc je jouerai là bas. Le seul petit défaut que je peux avoir, si je peux dire ça comme ça, c’est que je suis somnambule.

En effet c’est à préciser, un jour je ne l’avais pas fait et j’avais fais peur à la personne chez qui je dormais. J’espérais que ça ne le gênerait pas, cet appartement me plaisait et je n’avais pas la patience de chercher à droite à gauche pendant cent sept ans.

- Je me lève simplement et généralement je finis dans le canapé. Je ne fais pas de choses étrange et surtout je ne parle pas. Après si les portes des chambres ferment à clefs vous n’aurez pas à me croiser dans le salon en pleine nuit.

Je tente de rassurer tant bien que mal.

L’homme face à lui était poli et semblait avoir une certaine assurance. Rod’ referma la porte et observa son invité qui observait la grande pièce de vie. Je le rejoins dans le coin cuisine et me sert une tasse de café lui en proposant une.

-Non je ne suis pas ici depuis très longtemps. A peine quelques semaines. J’ai été transféré de Londres. Mais vous verrez, il y a beaucoup de gens sympas dans le coin, même si Saint Adams est une ville assez atypique.

Après tout, entre le fait qu’il n’y ait aucune femme ici jouait beaucoup là-dedans. Shan son chat montra brièvement le bout de son nez avant d’aller se cacher dans son arbre à chat. Les étrangers ne le dérangeaient pas vraiment il continuait sa petite vie sans s’inquiéter semblant considéré qu’il était le maître ici.
Tant mieux pour lui au moins ce petit filou n’était pas trop perturbé.
Son invité se présenta rapidement, expliquant qu’il était musicien et allait enseigner à l’Académie. Un prof donc. Il n’avait rien contre. Il haussa les sourcils de surprise à l’énonciation du somnambulisme de l’homme aux cheveux rouges.
En soit c’était bien le dernier de ses soucis. Des deux il était celui qui risquait le plus de déranger entre son travail et ses terreurs nocturnes, il ne pouvait pas dire qu’il était des plus discret.

-Ne vous en faite pas, toutes les portes se ferment, mais je ne suis pas inquiet. J’ai vécue avec des gens avec des problèmes plus compliqué. Pour ma part je suis policier, j’ai des horaires un peu aléatoires et il peut arriver que l’on m’appelle à des heures incongrues. Je ne ramène jamais de travail à la maison alors vous n’aurez pas à vous inquiéter de tomber sur des dossiers ou une arme. Tout reste au poste. Et si jamais je dois rentrer en tenue, je m’arrange pour ne pas laisser trainer mes affaires.

Bon ce n’était pas tout à fait vrai. Il avait quelques armes cachés dans l’appartement, mais il était impossible de tomber dessus par hasard. Il s’en était assuré. Mais autant que les choses soient aussi clairs que possible.

-Les seuls règles sont de prévenir au minimum une demi-heure à l’avance si quelqu’un doit venir à l’appartement. Il y a bien sûr la répartition des tâches qui comprennent le ménage, les poubelles et la lessive. Pour ce qui est de mon chat, vous ne devriez pas avoir à vous en inquiétez, je m’occupe de tout ce qui le concerne, après il risque de vous demander de l’attention de temps à autre mais en général il n’est pas envahissant. Si vous voulez posez certaines conditions ou limite nous pouvons bien sûr en discuter. Je vais vous montrer les reste de l'appartement.

Il s’était retenu de faire des recherches sur son peut être futur locataire. Pour le moment. Il verrait bien ce que cela donnerait si jamais il restait. Si quoi que ce soit lui paraissait louche il n’aurait qu’un appel à passer pour avoir des infos.
Dans tous les cas il n’était pas inquiet. Il avait vu le pire en matière de colocataire. Ce gars ne pouvait pas rivaliser avec les yakuzas et les mafieux qu’il avait fréquenter. Un professeur au moins c’était quelqu’un de plutôt normal. Pour sa nouvelle vie c’était un bon point. Il avait besoin de normalité pour arriver à retrouver une part de lui-même. Et puis peut être arriverait-il à laisser tomber le masque en côtoyant quelqu’un en dehors du poste de police tous les jours.

Il lui montra les toilettes et la salle de bain avant de montrer la chambre où se trouvait un placard murale un grand lit double et un bureau. Le lit était fait avec des draps bleu mais tout le reste était vide.
Si jamais il n’avait pas pris peur quand il avait évoqué son boulot de flic, il n’avait rien contre le fait qu’il emménage quand il le voulait. Après tout, une fois mis d’accord tous les deux sur les termes, il lui donnerait les doubles et le laisserait gérer les choses de son côté comme il l'entendait. Il pourrait même donner un coup de main si nécessaire.

Cet appartement respirait le calme et la sérénité. Ce qui n’était pas plus mal, j’avais besoin de vivre dans une atmosphère plutôt sereine. A côté il m’arrivait de faire le con, du coup il était nécessaire que mon repère soit à l’opposé. Mon univers dans lequel je ne ferai entrer personne pour le moment. Roderick serait une exception, je n’avais pas vraiment le choix en même temps. Mais lui semblait aussi quelqu’un d’assez posé et bien dans ses pompes. Quand je sors il se peut que je dépasse certaines limites, disons que je passe de la glace à un feu ardent pour une broutille. Cependant je ne laissais rien entrer dans ma sphère personnelle. C’était une ligne de conduite à laquelle j’étais très accroché, donc il était peu probable qu’il ne croise un ami bourré ou une conquête d’un soir. Le premier car pour le moment je suis assez solitaire et le second, je prenais toujours soin d’aller faire mes affaires chez la personne.

Seul point que je devais ajouter à mon adéquation, mon nouveau colocataire était un poulet. Donc à moi de faire gaffe avec qui je traîne et comment je rentre. Non pas que j’ai l’habitude de revenir chez moi complètement défoncé, mais plutôt avec la face un peu abîmée. Ce n’était pas non plus fréquent, mais ça pouvait arriver.
Depuis l’accident pas de choses ont changés, notamment, mon équilibre. Pas grand chose en soi car je ne ressemble pas à Bambi tous les jours, mais c’est assez handicapant quand on veut mettre une dérouillée à quelqu’un qui vous provoque. Ne le vivant pas toujours bien, j’ai tendance à me prouver à moi même que je peux encore me servir de mes poings.

Mon attention revient se poser sur le policier, qui tout comme moi était une nouvelle tête dans cette ville.

- Que vous rameniez ou non du travail m’importe peu. Je postule pour être votre colocataire, pas votre conjoint. De mon côté je risque d’en avoir, bien que j’essaie de faire le maximum dans ma classe, il se peut que je passe quelques nuits blanches.

Le félin attire mon regard et je m’approche, je tends doucement la main pour le laisser sentir. Lorsqu’il prend connaissance de mon odeur et ne montre pas de signe qui pourrait me faire comprendre que je ne suis pas le bienvenue, je passe délicatement ma main entre ses petites oreilles.
J’appréciais la compagnie des animaux, bien que je n’ai jamais eu vraiment l’occasion de la côtoyer, j’ai toujours été très admiratif de leur sagesse.

- Je n’ai pas de soucis avec les animaux, ne vous en faites pas. Quant au reste je ne suis pas difficile, je dois gérer des adolescents tous les jours, donc ce n’est pas chez moi que je viendrai me prendre la tête. Et je n’ai pas vraiment de conditions ou de limites. Si jamais il m’en vient, je vous le ferai savoir.

Je le suis ensuite pour le reste de la visite. Tout me convient sans que je ne soulève de point ou d’exigence. Comme je l’ai dit je ne suis pas quelqu’un de difficile. Il y a bien une chose que je ne supporte pas mais comme je ne compte pas être intime avec ce charmant Roderick, la question ne se pose pas.
- C’est parfait. Je ne vois pas ce que je pourrais vous demander, je pense que ça viendra avec le temps à force de vivre dans le même espace. Si c’est bon pour vous, ça l’est pour moi. Et si c’est le cas, arrêtons de nous vouvoyer.

Je me tourne vers lui et affiche un sourire poli.

On pouvait dire que ce gars était franc, mais ça ne lui déplaisait pas. Un petit sourire se dessina même sur ses lèvres à sa remarque sur le fait d’être là pour être son colocataire et pas son conjoint. En plus il avait un brin d’humour, ce type lui était de plus en plus sympathique. Le plus dur pour lui serait surement d’agir naturellement sans froisser l’homme, car il remarquerait rapidement qu’il n’était pas quelqu’un de naturellement ouvert et souriant.

-Vous pouvez ramener tout le travail que vous voulez, je voulais juste vous informez que de mon côté ce ne sera pas le cas. Etant donné mon boulot, je préfère que vous sachiez dans quoi vous mettez les pieds, certains on quelque difficulté à…eh bien avec le fait de côtoyer un flic.

‘Rick l’observa s’approcher de Shan laissant l’animal prendre le temps de le sentir et éventuellement de prendre la fuite, mais non le chat ronronna face à la caresse du prof. Au moins pas besoin de s’en faire, le félin l’avait adopté. C’était un bon point pour lui. Il écouta attentivement l’homme aux cheveux rouges et hocha la tête.

-Il s’appelle Shan et il vous apprécie déjà. En tout cas n’hésitez pas si vous avez besoin de poser des limites ou des conditions. Je suis partisan du fait de parler pour faire en sorte que les choses se passe bien plutôt que de laisser une situation s’envenimer. Après tout on a chacun nos défauts qui peuvent irriter les autres.

Pour ça part irriter les autres avaient été une seconde nature lorsqu’il était en infiltration. Comme un petit jeu pour tenir les autres loin de lui et les empêcher de trop s’intéresser à sa personne. Il faudrait juste qu’il fasse bien la distinction. Il était flic à présent et plus un espion du MI6. Une fois la visite terminée, il fut ravi de constater que cleeve semblait apprécier les lieux.
Apparemment il était même clairement partant d’après ses propos. Tant mieux, il avait l’air de quelqu’un qui ne lui causerait pas de problème et dont, aux premiers abords il n’avait pas besoin de se méfier.

-Dans ce cas, Bienvenue chez toi Cleeve. Pour ce qui est de l’emménagement, tu peux faire ça quand tu veux. Et si tu as besoin d’un coup de main n’hésite pas à me demander. Personnellement j’ai eu la chance de tomber sur deux jeunes quand je suis arrivé qui mon aider à amener quelques affaires.

Puisqu'il avait l'autorisation de le tutoyer, Maxwell n'hésita pas une seconde. Roderick tendit la main vers le comptoir pour récupérer le jeu de clé qu’il y avait déposé au cas où les choses se passent bien et qu’ils se mettent tous les deux d’accord. Comme cela semblait être le cas, pas besoin de faire trainer les choses et puis il ignorait où il logeait pour le moment, mais s’il était arrivé il y a même peu, il devait pour le moment se trouver dans un hotel. C’est ce qui semblait le plus pratique et logique. Après tout, tout le monde n’avait pas un supérieur qui préparait un appartement pour lui avant son arriver dans l’attention de se faire pardonner.

-Tiens voici les doubles. Tu as le badge qui déverrouille la porte en bas près des sonnettes, les clés de la boite au lettre, de la cave et de l’appart.

Il lui tendit le petit trousseau avec un sourire amical. Lui qui avait un peu craint de tomber sur quelqu’un d’extravagant, ce gars semblait être assez posé malgré son look un peu tape à l’œil. Au moins, c’était une bonne chose de faite, il pourrait retirer l’annonce à la mairie et au poste de police. Ses collègues se montreraient surement curieux, mais il espérait qu’ils resteraient tranquilles. Après tout il se souvenait très bien de la surprise qu’ils lui avaient fait pour son arriver dans le service.
Avec un peu de chance les collègues du prof n’auraient pas le même genre d’idée.

Visiblement je réponds positivements au critères de Roderick car il en me pose pas plus de questions me concernant. J’en déduis que, comme moi, il n’est pas bien difficile. Tant que je ne tague pas ses murs de graffitis en tout genre ou remplace le sucre pas le sel, ça lui suffisait.
Qui sait, peut être qu’un jour on se sera rapprochés et on en viendra à se faire ce genre de conneries entre nous. Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs. J’avais une rentrée à préparer, me familiariser avec la ville et Rode surement tout un tas de choses à gérer pour son boulot.

- Je n’ai pas grand chose donc je vais me débrouiller. J’ai des bricoles à faire durant la journée donc je pense débarquer dans la soirée.

Je le suis hors de la chambre et le regarde me tendre le trousseau de clefs. Ca y est, mon installation dans cette ville prenait tout son sens. Maintenant que j’avais un toit au dessus de la tête, je pouvais me concentrer sur le reste des préparatifs qui m’attendaient. Prendre connaissance de mon nouveau lieu de travail, commencer à préparer ma rentrée. En soi ce n’était pas quelque chose que je redoutais, j’aimais assez mettre en place mon programme. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, j’apprécie ce que je fais dans la vie. Bien entendu j’aurais aimé faire autre chose mais la vie est ainsi faite.

- Je te remercie. On pourra aller se boire un verre si tu veux pour fêter ça. Si tu connais déjà un endroit, sinon je crois avoir vu un club plutôt sympa. Le Beluga il me semble. J’ai ton numéro du coup, je te préviendrai quand j’arriverai. Si tu ne veux pas sortir, préviens moi, je ramènerai de quoi manger.

Après une dernière caresse à la boule de poils je me dirige vers la porte d’entrée. Je salue Roderick en lui serrant la main et le remerciant à nouveau, puis les mains dans les poches de ma veste en tenant mes clefs, je redescends les escaliers. J’ai conscience d’être un peu parti rapidement mais je pense que le blond ne s’en offusquera pas, et puis on allait vivre ensemble donc autant qu’il profite de ses dernières heures en solitaire. Genre un dernier tête à tête avec sa main droite, dans son cas je le ferai, sauf que j’avais d’autre préoccupations.

En effet je prends la route de l’Académie pour prendre mes premiers papiers et tout le fatras administratifs qui va avec. Je prends ensuite le temps de me promener en ville. Je mange dans un petit resto italien, j’ai un faible pour cette gastronomie. Allez savoir pourquoi. Je fais un détour par le bord de mer puis je rentre lorsque ma jambe commence à me faire mal. Cependant je ne manque pas de passer par la salle de sport pour m’y inscrire, sur le chemin du retour.
Une fois à l'hôtel je plis bagage. Le soir même j’appose ma signature sur le contrat de colocation. Un nouveau départ.